Résumé du rapport national de France
Cette étude s'inscrit dans une
réflexion sur l'extension du crédit à but
social en France. Ce type de crédit s'est
considérablement développé ces dix
dernières années et constitue une réponse
à ce qui a été appelé le « creux
bancaire ». L'objectif est de montrer comment les structures
de crédit social parviennent aujourd'hui à offrir des
produits de crédit à des personnes en situation
d'exclusion compte tenu des contraintes imposées par le
cadre législatif bancaire français.
En effet les activités de crédit
et de collecte de l'épargne en France sont le monopole des
banques et sont à ce titre fortement
réglementées par les autorités bancaires qui
surveillent l'accès à la profession,
établissent les textes réglementaires et suivent la
bonne santé financière des établissements de
crédit en raison des risques que leur défaillance
éventuelle peut faire courir aux déposants et au
financement de l'économie.
Il existe en France différents types
d'établissements de crédit reconnus par la Banque de
France : les établissements bénéficiant d'un
agrément de plein exercice (les banques) et les autres qui
disposent d'un agrément restreint (les
sociétés financières), ces dernières ne
peuvent collecter l'épargne de moins de deux ans et le
capital minimum exigé est moins important. Enfin il existe
des institutions financières spécialisées dont
le statut est réservé à des institutions dont
le rôle est attribué par l'Etat pour des missions
spécifiques.
La NEF et la caisse solidaire du Nord Pas de
Calais sont deux exemples de structures octroyant du crédit
à but social dans le cadre de la loi bancaire. Ces deux
établissements sont des sociétés
coopératives au capital variable qui ont adopté le
statut de société financière. Parmi les
contraintes les plus importantes qui s'imposent à elles, le
coefficient d'exploitation et les limitations en matière de
collecte d'épargne.
Certains établissements bancaires
à vocation particulière jouent ou pourraient
être amenés à jouer un rôle dans le
développement du crédit à but social en
France. On peut citer à ce titre la Caisse des
Dépôts et Consignation qui intervient dans le montage
de nombreuses structures faisant du crédit à but
social en dehors du cadre bancaire ou encore les Caisses
d'épargne et de prévoyance qui se sont vue confier en
1999 une mission d'intérêt général de
« lutte contre l'exclusion bancaire et
financière ».
Toutefois la majorité des actions en
faveur du crédit à but social se fait en dehors du
cadre bancaire. En effet la loi bancaire prévoit une
dérogation dans le cadre de l'article 11 pour les organismes
à but non lucratif. C'est à ce titre qu'intervient
l'ADIE. D'autres structures comme les plates-formes d'initiatives
locales se basent sur l'article 3 autorisant l'octroi de «
prêts non onéreux ».
Le plus délicat pour les structures en
dehors du cadre bancaire demeure la collecte des ressources et le
financement de leur fonctionnement. Le coût de l'octroi de
petits crédits est élevé et les recettes
dégagées sur les intérêts ne permettent
pas de couvrir les frais. Seul un traitement de masse rendrait
envisageable une couverture des frais de fonctionnement. Pour ce
qui est des ressources, les crédits ne peuvent dans ce cas
être financés que sur des fonds propres limitant ainsi
le volume de crédits octroyés. Les fonds
utilisés sont en général des fonds publics
transformés en prêts ou permettant d'abonder un fonds
de garantie facilitant l'accès au secteur bancaire. Un
projet d'amendement à la loi bancaire qui permettrait aux
associations de microcrédit d'emprunter directement
auprès du système bancaire est actuellement en
discussion. Il s'agirait alors pour des associations de pouvoir
emprunter pour prêter ce qui n'est pas possible aujourd'hui
au regard de la loi bancaire.
L'Etat intervient également dans le cadre
de l'appui au crédit à but social que ce soit
à travers la SOFARIS, le dispositif EDEN ou le PCE. A
travers ces initiatives, l'Etat tente à la fois de soutenir
les programmes d'appui à la création d'entreprise et
d'inciter le secteur bancaire à s'impliquer dans le
financement de TPE.
Que ce soit à l'intérieur du cadre
bancaire classique ou dans le domaine associatif, dans le cadre
d'un dispositif d'Etat ou à l'initiative de la
société civile, on constate depuis une dizaine
d'années le développement de l'activité des
organismes offrant du crédit social.
Deux scénarios sont aujourd'hui
envisageables : le développement de structures favorisant la
médiation bancaire et visant à impliquer davantage
les banques classiques dans le financement des micro entreprises
d'une part, la reconnaissance d'un statut spécifique pour
des structures de micro crédit ayant un statut particulier
dans le cadre bancaire d'autre part.
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